mercredi 31 décembre 2008

Le Coq.


Le coq, roi des symboles.

LE SYMBOLE SOLAIRE.

Le fait que ce volatile est matinal lui a valu, dès la plus haute antiquité, d'être considéré comme celui qui faisait lever le soleil ! Un culte lui fut voué rapidement dans toute l'Asie Mineure, dont les plus nombreuses traces se trouvent en Grèce. Le coq était consacré à plusieurs dieux solaires et lunaires, comme Jupiter, maître du ciel, Apollon, dieu du soleil, Diane, déesse de la lune, sœur jumelle du précédent, Esculape, fils d'Apollon, ainsi que Minerve.Ainsi, le savant Pythagore (V° siècle avant J.C.) recommandait dans ses Vers d'or:" Nourrissez le coq, et ne l'immolez pas, car il est consacré au soleil et à la lune ". Socrate (Ve siècle avant J.C.), à la veille de sa mort, demandait, à l'inverse, à son disciple Criton de sacrifier un coq à Esculape, dieu guérisseur, et, parfois, de résurrection. Cette symbolique solaire fut bien sûr adoptée par les Romains, mais on la retrouve jusqu'en Inde et au Japon. En Inde, le coq est l'attribut de Skanda, personnification de l'énergie solaire. Au Japon, le chant du coq, associé à ceux des dieux, fait sortir de sa caverne Amaterasu, déesse du soleil et dans les temples shintoïstes des coqs courent librement. Le Tibet, à l'inverse du reste de l'Asie, considère le coq comme élément négatif, car il symbolise le désir, la convoitise, la soif : il est, avec le porc et le serpent, un des trois poisons. On retrouve le coq, symbole solaire, sur toute la planète, notamment sur les horloges astronomiques : à Strasbourg, Lyon, Beauvais, Prague, Paris (Beaubourg). Le soleil, bien avant les horloges, était seul à rythmer la vie quotidienne, il devenait normal d'associer le coq au temps et à la journée. Il était naturel que Louis XIV, le Roi Soleil, voua un culte tout particulier à l'astre qui nous éclaire, lui qui avait ordonnancé Versailles en grande partie autour du soleil, appartements, parterres et bassins. En 1659, le roi et Colbert décident la création d'un ordre architectural et décoratif, " l'ordre français " : le projet retenu de Lebrun mêle les fleurs de lys et le coq, ainsi qu'on peut le voir dans la Galerie des Glaces.

SYMBOLE DE COURAGE, DE VIGILANCE, D'ARDEUR SEXUELLE.

Cette constance à chanter tôt le matin a contribué à parer le coq des qualités de vigilance et d'obstination. Puis sa combativité dans les combats de coqs l'a paré de courage (le roi de Crète Idoménée avait fait peindre un coq sur son bouclier lui attribuant une part de son héroïsme, le chef grec Thémistocle recommandait à ses troupes de se battre avec l'énergie des coqs), tandis que son assiduité à " honorer " toutes les poules de son secteur lui a valu une réputation d'ardeur sexuelle très enviée. Cette réputation a valu à la langue française de s'enrichir de dictons comme " être le coq du village " ou " faire le coq "...Et déjà les Anciens sacrifiaient un coq à Priape, renommé pour sa sexualité débordante !

SYMBOLE RELIGIEUX.

Si le coq était consacré à de nombreux dieux antiques liés au soleil et à la lune, il tenait aussi une place éminente dans la prédiction de l'avenir. Les Etrusques et les Romains pratiquaient l'alectryonomancie (d'Alectruon), c'est à dire la prévision des faits à venir. Sur un échiquier étaient disposés des grains ; selon la façon dont les volatiles les mangeaient, les prêtres tiraient des prédictions fastes ou néfastes ! L'oiseau s'est de même vu doté d'un pouvoir de psychopompe, c'est à dire annoncer dans l'autre monde l'arrivée de l'âme d'un défunt, et l'accompagner dans son dernier voyage, avant qu'elle trouve une nouvelle lumière, une nouvelle naissance.En Chine, le coq était respecté autant que protégé. Il était sensé protéger la maison et représenter les cinq vertus, les vertus civiles, par son port de tête " mandarinal ", les vertus militaires par ses ergots, le courage par son attitude dans les combats, la bonté pour son partage de la nourriture avec son harem, la confiance pour sa ponctualité à annoncer le lever du soleil. Il a mérité ainsi de figurer dans l'horoscope chinois. Les musulmans ont réservé au coq une place éminente à l'heure du jugement dernier. Quand viendra ce jour, c'est le Grand Coq Blanc qui avertira les croyants de l'événement. Symbole du soleil levant, symbole du temps, de vigilance et de courage, de résurrection, le coq allait se voir également adopté par la franc-maçonnerie comme symbole de la vigilance et d'avènement de lumière (initiatique).

LE COQ DE CLOCHER.

L'oiseau-girouette de nos clochers mérite une place à part, tant il est répandu dans le monde chrétien.Mais son origine prête à discussion. Nombreux sont ceux qui expliquent sa présence sur les clochers par l' épisode du reniement de saint Pierre. Rappelons que lors des divers épisodes de la passion du Christ, le chef des apôtres fut interrogé trois fois sur ses liens avec l'accusé et que, chaque fois, il nia le contraire, ceci avant que le coq ne chantât, confirmant la prédiction de Jésus. Horrifié et repentant Pierre se ressaisira rapidement, mais il sera poursuivi par cette histoire du coq, au point, dit l'anecdote, qu'il expédia, d'un vigoureux coup de pied, l'animal se ficher en haut d'un clocher ! Une autre légende suggère que Saint-Pierre pleurait à chaque fois qu'il entendait chanter un coq, et, que pour rappeler son repentir, il avait souhaité qu'il figurât en haut des clochers. Face à ces légendes un peu farfelues, une explication plus plausible est que les premiers chrétiens se réunissaient pour une prière matinale au chant du coq, jusqu'à l'apparition des cloches, vers le Ve siècle.Désormais, en signe de gratitude, on le mit sur les clochers, où il fait aussi office de girouette, inspirant par là même de nombreux artistes.

LE COQ NOIR.

Que ce soient les poulets des Romains ou le coq des musulmans, leur couleur était la blanche. Dans les superstitions et croyances populaires, le coq devient noir, la couleur de la nuit et des maléfices ? Lui qui est sensé éloigner les terreurs de la nuit subit le revers des pouvoirs qu'on lui prêtait. Il devient ainsi victime expiatoire ou propitiatoire. Pour s'assurer d'une bonne expédition en mer, nombre de marins de toutes latitudes sacrifiaient un coq avant leur départ. Les cérémonies du culte vaudou en Haïti ou en Amérique du sud, font grande consommation de poulets. Au Moyen-Âge le sabbat, pendant lequel se déroulaient des pratiques parfois inavouables, était heureusement interrompu par le chant du coq faisant revenir la lumière.

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