Origines de la Franc-Maçonnerie.
a) La franc-maçonnerie : fille du compagnonnage ?
L'origine compagnonnique de la franc-maçonnerie est une des thèses répandues par les historiens. De fait, on retrouve dans la franc-maçonnerie la plupart des symboles utilisés pendant plus de mille ans par les compagnons du Devoir. Les grades sont restés longtemps les mêmes : apprentis, compagnons et maîtres. La légende des origines est identique : les francs-maçons se disent « Enfants de la Veuve », car ils s'identifient à Hiram, maître architecte du Temple de Salomon et fils d'une veuve de Tyr. Le meurtre d'Hiram par des mauvais compagnons deviendra d'ailleurs le mythe fondateur de la philosophie maçonnique comme on le verra plus loin. Quant aux symboles, l'équerre et le compas sont les insignes des deux Fraternités.
b) De la franc-maçonnerie « opérative » à la franc-maçonnerie "spéculative" ?
Cependant, l'origine compagnonnique de la franc-maçonnerie est controversée et de récentes études penchent pour d'autres hypothèses.
André Combes, historien et franc-maçon, pense que la maçonnerie de métier a disparu sur le continent européen à la fin du Moyen-Age. Il n'aurait plus subsisté que quelques loges allemandes de tailleurs de pierre à l'aube du XVIIIè siècle. Selon cet historien, la maçonnerie professionnelle aurait survécu en Angleterre et en Ecosse. Elle se serait adaptée à son époque après la construction des dernières cathédrales. Pour survivre, les loges auraient admis en leur sein des bourgeois et des nobles. Ces notables étaient désireux de percer les « secrets » du métier. Ils vont transformer la franc-maçonnerie opérative , celle de la pierre, en franc-maçonnerie spéculative celle de la philosophie. Les ouvriers appellent les nouveaux membres issus de la bourgeoisie les maçons acceptés. Ces francs-maçons d'un nouveau genre vont s'efforcer de construire une société meilleure selon les plans du Grand Architecte de l'Univers, leur guide spirituel. Les secrets de la franc-maçonnerie qui étaient liés aux métiers de tailleur de pierre ou d'architecte vont être remplacés par les mystères en vogue. Les « maçons acceptés » vont introduire l'alchimie, la kabbale, les principes réformateurs de la Rose-croix (ordre ésotérique allemand inventé par un homme de lettres mystérieux dénommé Christian Rosencreutz) et d'autres doctrines hermétistes. La philosophie maçonnique s'enrichit et la loge devient un lieu de rencontre en vogue. Les catholiques y côtoient les protestants et les déistes qui croient en un dieu non révélé : le Grand Architecte de l'Univers.
A la suite de ces réformes, quatre loges londoniennes se réunissent en 1717 pour former la Grande Loge de Londres. Les francs-maçons élisent un Grand-Maître : Anthony Sayer en 1717. En 1719, Jean-Théophile Désaguliers, physicien et fils de huguenot français est le nouveau Grand-Maître. Désaguliers et le pasteur James Anderson rédigent ensemble les Constitutions d'Anderson (1723). Ces constitutions forment le manifeste de la franc-maçonnerie spéculative. En ce qui concerne la religion, les constitutions sont révolutionnaires car elles tolèrent toutes les opinions particulières et inventent une nouvelle « croyance » : l'amitié qui s'exprime par la sincérité et la bonté :
Un Maçon est obligé, en vertu de son Titre, d'obéir à la Loi morale ; et s'il entend bien l'Art, il ne sera jamais un Athée stupide, ni un Libertin sans Religion. Dans les anciens Temps les Maçons étaient obligés dans chaque Pays de professer la Religion de leur Patrie ou Nation quelle qu'elle soit ; Mais aujourd'hui, laissant à eux mêmes leurs opinions particulières, on trouve plus à propos de les obliger seulement à suivre la Religion, sur laquelle tous les Hommes sont d'accord. Elle consiste à être bons, sincères, modestes et gens d'honneur, par quelque Dénomination ou Croyance particulière qu'on puisse être distingué : d'où il s'ensuit que la Maçonnerie est le Centre de l'Union et le Moyen de concilier une sincère Amitié parmi des Personnes, qui n'auraient jamais pu sans cela se rendre familières entre elles.
Les Constitutions ne sont donc pas les lois d'une Eglise quelconque puisqu'elles transcendent toutes les religions. On oblige nullement le maçon à être positivement un croyant. Il est indiqué que s'il entend bien l’art, le maçon ne sera pas un incroyant mais un déiste.
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